02.31. Le Bazarov occidental a bien appris sa leçon.

Pourtant, les jeunes gens de la fin des années soixante critiquaient la vanité de la rationalité occidentale, l'hypocrisie du mode de vie, l'absurdité de la société de consommation. Après avoir fumé quelques joints et faute d'avoir trouvé une autre voie, ils s'empressèrent de réintégrer la société en créant des agences de pub, de communication, de marketing, et/ou en créant de nouveaux objets comblant des besoins nouvellement créés. Aujourd'hui, l'élite de la jeunesse occidentale -- les nouveaux Bazarovs 22.10. --, la tête bien pleine de rationalité, ont bien appris leurs leçons -- la seule mine inépuisable c'est la connerie humaine -- alors ils passeront leur existence à faire con-sommer et à con-sommer des GTI Turbo, des brosses à dent triples têtes, des couches super absorbantes avec retensorbe (mais jusqu'où s'arrêteront-ils ?). Ceux qui se croient les plus intelligents font courir les autres avec des diplômes, des promotions, des titres et autres carottes ; ou leur font peur en brandissant la menace de l'insécurité, du chômage et autres bâtons.

02.37. L'ordre mondial néo-libéral ne doit pas être remis en cause.

Le problème de l'écoulement des marchandises deviendra même dans les années 60 comme l'a montré Vance Packard un devoir social du citoyen. Dans les années 90, les données n'ont pas vraiment évoluées, il s'agit toujours de trouver de nouveaux besoins, d'accélérer le taux de rachat, de trouver de nouveaux marchés.

Pourquoi considérer l'avancement d'une société en terme de production, de performance ? Nos technocrates -- porte-étendard du sacro-saint progrès -- disent qu'on peut toujours aller de l'avant. On pourrait croire que le nouvel ordre mondial néo-libéral ne peut et surtout ne doit pas être remis en cause. Pourquoi ? Par peur du changement et de l'inconnu peut-être ? Et puis surtout parce que, du bas en haut de l'échelle sociale, nous nous sommes trouvés un petit morceau de fromage et bien qu'il ne nous satisfasse pas toujours, nous avons peur de perdre ce territoire que nous nous efforçons de protéger de l'agression du monde extérieur. Et, comme disait notre Coluche national : plus il y a de fromage, plus il y a de trous et plus il y a de trous, moins il y a de fromage. Frère citoyen accroche-toi à ton travail et défend bien ton bout de fromage, car au siècle prochain, du travail, il en aura encore moins !

02.40. Le capitalisme risque-t-il d'exploser en plein vol ?

On peut, en effet, se poser la question. L'hebdomadaire Marianne (n° 72) datée du 7 septembre 98 pose aussi la question : doit-on craindre une nouvelle grande récession planétaire ? Page 10, j'ai trouvé un bon résumé des "bienfaits" du capitalisme : au Pérou et au Mexique par exemple, un taux de croissance flatteur se double d'une paupérisation absolue de la population... en Indonésie, l'augmentation impressionnante du PIB ne profite qu'à une étroite oligarchie liée à la dictature militaire... en Corée du sud, une expansion impressionnante, financée par un système de cavalerie, se construit autour de véritables oligopoles sur la ruine de dizaines de milliers de petites entreprises... en Thaïlande et en Malaisie, l'activité productive est à 80% dépendante de capitaux externes et volatils qui ne cherche qu'un profit important et rapide... au Japon, une spéculation effrénée, appuyée sur l'endettement, conduit à déconnecter totalement le prix des choses de leur valeur réelle... aux États-Unis, le boum économique est exclusivement dopé par une consommation à crédit que stimule irrationnellement l'anticipation des plus-values boursières futures et la flambée autogénérée de Wall Street fait que le cours des actions croît 26 fois plus vite que les dividendes générés par les entreprises... en Russie, on lessive toute une population pour favoriser l'enrichissement d'une caste mafieuse qui s'empresse d'exporter ses profits hors des frontières... bref l'explosion de l'économie financière favorise, en même temps que l'enrichissement des plus riches, l'écroulement des deux tiers de la planète.

02.43. Réveillons-nous !

Revenons aux vraies valeurs, renouons avec notre nature profonde et réconcilions-nous avec notre mère à tous : la Terre. Le moine dominicain Mathew Fox a dit dans un écrit au titre provocateur, " ma dernière déclaration avant d'être réduit au silence par le Vatican" : " la Terre-mère est en danger, à cause de l'anthropocentrisme de la religion, de l'éducation et de la science de ces trois derniers siècles. Nous avons besoin d'un nouveau commencement, axé sur le caractère sacré et de la planète... Nous croyons que tous les adultes peuvent toucher l'enfant divin qui existe à l'intérieur de nous-mêmes."

Il semble que le sentiment de la nature se manifesta dans les pays que nous appelons occidentaux et avancés pour la première fois dans notre histoire moderne à la fin du 18e siècle, principalement avec l'œuvre de Jean-Jacques Rousseau, et connut de grands développements avec le romantisme dans un rapport antagonisme avec l'essor d'une civilisation urbaine et artificielle. Ce mouvement naturiste apparaissait comme poétique, non réaliste et romantique. La civilisation mâle suivait son cours, conformément à la conception classique de notre science, de la nature, de l'histoire selon laquelle la nature se divise en objet a dominer et à manipuler. Une telle conception abolissait toute idée de nature comme réseau d'interconnexions. Au cours du XXe siècle, le développement accéléré du matérialisme et l'explosion démographique a provoqué une réaction : dès lors, l'amour, le culte de la nature ne sont plus des choses irrationnelles, infantiles, romantiques. Au contraire, le souci de sauvegarder la nature devient une attitude rationnelle. Mais le paradigme économique dans lequel nous nous sommes enfermés nous proscrit tout alternatives, tant que nous raisonnerons dans les limites et avec les règles de la pensée occidentale actuelle.

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