19.33. Le symbole d'échange.

Le troc ; les coquillages ; les pièces de bronze, d'argent et d'or frappé à l'effigie du roi local. L'évolution du symbole d'échange au cours de l'histoire humaine s'est accéléré subitement ces dernières années pour devenir, avec l'informatique, complètement virtuel. Et pourtant, la monnaie est devenue la seule valeur pour la plupart des êtres humains. Depuis les Templiers et les Lombards, la monnaie fiduciaire est basée, comme son nom l'indique sur la confiance que le public accorde à l'organisme émetteur. Il était, en effet, plus pratique au Moyen âge pour le commerçant de voyager avec un billet à ordre plutôt qu'avec de l'or. Les routes n'étaient pas toujours très sûr à l'époque ! Il est amusant de constater que le billet de banque à remplacer dans l'esprit des gens ce que le billet de banque représentait à l'origine. En effet, il arrive que des gens se fassent tuer pour quelques papiers colorés alors que justement ce papier a été inventé pour éviter cela. De plus, depuis les années 60, le billet de banque n'est même plus convertible en or. L'histoire contemporaine de la monnaie, des changes, des dévaluations, etc., nous enseigne que la confiance accordée à l'organisme émetteur du symbole d'échange n'est pas toujours justifiée. La logique du fonctionnement du système bancaire international pousse les banquiers à prêter pour n'importe quel projet pourvu qu'il soit source de profit. N'oublions pas que le seul souci du banquier c'est de prêter l'argent qu'il crée. On en arrive donc, aux faillites des caisses d'épargne américaines ou au scandale du Crédit Lyonnais. Des projets aussi fous et à l'utilité pour le genre humain tout à fait marginal comme le fait d'envoyer 66 satellites afin de permettre à quelques dizaines de milliers de privilégiés de pouvoir communiquer du milieu du désert de Gobi ou du sommet de l'Everest (projet Iridium, principal actionnaire : Motorola, coût : 5 milliards de $) alors que les deux tiers de l'humanité ont des problèmes de nutrition, de santé et d'éducation sont symptomatique de l'absurdité, la stupidité et l'hypocrisie des règles de fonctionnement de notre société. Ceci dit, les banquiers ne sont pas plus responsables que les ingénieurs et les techniciens qui réalisent ces projets stupides. Nous avons inventé " l'argent -- symbole d'échange et d'énergie humaine " par ce qu'il simplifie les échanges et surtout parce que l'homme considère qu'il a besoin d'un symbole qui représente son mérite accumulé. La société "parfaite" pourrait être une société sans argent dans la mesure où chacun travaillerait par plaisir et pour le bienfait de la communauté. Pour qu'une telle société existe, il faudrait évidemment qu'il y est un très grand climat de confiance parmi les individus.

Comme chacun sait, dans le capitalisme, l'argent sert plus celui qui exploite le travail des autres que ceux qui travaillent véritablement. Les enfants des pays du tiers-monde, les petits exploitants agricoles, les ouvriers du bâtiment etc. ne sont pas les plus riches et pourtant se sont eux qui travaillent le plus. Les technocrates du FMI, de Bruxelles ou d'ailleurs ; les banquiers ; les fabricants d'armes ; les marketing-men et tous les profiteurs de notre société de consommation ne sont pas ceux qui rendent les services les plus utiles à la communauté et pourtant ce ne sont pas les plus pauvres.

Donc, l'équation idéale : argent = mérite accumulé est en grande partie faussé par la corruption. L'équation actuelle est plutôt : argent = capacité à être le plus malin à manipuler et à exploiter la nature humaine -- et la nature tout court. La suspicion, qui pourrait naître dans une société sans argent du travail que chacun accompli pour le bénéfice de la communauté, pourrait difficilement être pire que la corruption actuelle. On en revient aux valeurs humaines qui sont finalement la seule richesse véritable d'une communauté. Certains aiment s'agiter, d'autres rester tranquille. S'il est évidemment méritoire de contribuer par son travail au bénéfice de la communauté il n'est pas forcément répréhensible de mendier. Ce qui est, par contre, contraire à l'éthique ; c'est de profiter et de manipuler autrui -- grâce à sa compréhension des mécanismes psychologiques de l'humain -- à son seul bénéfice.

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