59.02. Halte au OGM.

Collectif contre la pollution génétique, l'appropriation et la manipulation du vivant. Nous sommes un rassemblement de citoyens et d'associations préoccupés par l'introduction d'organismes génétiquement manipulés dans notre alimentation et ce, sans informations et sans consultations. Les organismes génétiquement modifiés sont des espèces vivantes dans lesquelles des gènes étrangers ont été introduits afin d'en modifier le métabolisme naturel. Les transferts artificiels de gènes peuvent s'effectuer de végétal à végétale, d'animal à animal, d'animal à homme et réciproquement. Exemple : un gène de scorpion dans le maïs pour conférer la résistance à un insecte. Gène de bactérie dans la Luzerne pour un vaccin oral contre le choléra. Gène d'homme dans le riz pour production pharmaceutique. Gène de poisson dans la tomate pour la résistance au froid. Sans le savoir, nous consommons déjà des aliments transgéniques. En effet, du soja et du maïs génétiquement modifiés sont importés des USA par la France et entrent dans la composition de la plupart des produits transformés sous la forme de lécithine de soja (E 322) et d'amidon de maïs : margarine, pain, chocolat, gâteau, aliments pour bébés, yaourt, pâtes. Confirmé par les tests de la revue 60 millions de consommateurs. Des géants de l'agro-alimentaire comme Danone, Nestlé, Unilever utilisent déjà des OGM. Le Roundup Ready Soybean, création de la multinationale Monsanto est importé depuis 1996 ; il est artificiellement tolérant à son propre herbicide vendu par cette même firme. Les Américains ont imposé le mélange du soja transgénique avec le soja traditionnel, rendant impossible l'existence d'une filière distincte et illusoire l'étiquetage des produits alimentaires. En décembre 1996, la commission européenne a décidé d'autoriser la culture et la commercialisation du maïs Bt de la multinationale Novartis en Europe. En novembre 1997, le gouvernement français autorise la culture du maïs Bt. Avec le transgénique, nous avons affaire à une pollution interne (sécrétion permanente d'herbicide par la plante) et externe (grâce à la résistance induite génétiquement, existe une possibilité d'emploi massif d'herbicide. Ainsi, nous consommons une substance saturée d'herbicide chimique.). L'application massive et répétée du même herbicide peut provoquer l'émergence de super mauvaises herbes résistantes. Les OGM mettent en danger la diversité génétique des cultures alimentaires majeures, telles que maïs, pomme de terre, tomate... on risque à terme de me trouver que des OGM dans l'environnement à cause de l'effet de la politisation. 76 % des français ne veulent pas consommer d'OGM (sondage Mori du 20.12.96).

L'union européenne est une chambre d'enregistrement des diktats économiques des USA. Les multinationales de l'industrie chimique veulent délibérément la mort d'une agriculture indépendante et diversifiée. Après s'être approprié les semences originelles en rachetant presque tous les grands semenciers mondiaux, elles créent la bio-industrie servie par leurs biotechnologies. L'importation où la culture d'un maïs et d'un soja transgénique est un test de notre résistance à une dictature alimentaire que veut nous imposer une poignée de multinationales chimiques qui dévoient notre premier principe vital, celui du choix de notre nourriture. Elles prétendent être "propriétaires" des produits des semences libres et qui doivent être accessibles à tous : elles pensent "inventer" le vivant, le définir alors qu'elles ne font que le réduire, l'artificialiser, le dénaturer, lui enlever tout principe de vie. L'agriculteur sera obligé de payer plus cher la semence puisqu'il ne pourra utiliser les repousses, propriété de la multinationale.

Notre collectif dit non à la dictature alimentaire de l'agrochimie -- nous devons échapper au nouveau standard alimentaire des OGM -- nous devons préserver notre environnement de la pollution génétique -- nous refusons l'importation et la mise en culture des OGM. Transformons-nous en consomm'acteurs, venez nous rejoindre pour agir : vous en avez le pouvoir ! Téléphone : 01.46.28.28.86.

Voir le siècle Biotech, le commerce des gènes dans le meilleur des mondes par Jeremy Rifkind.

 

La terminator technology.

Cela devient ubuesque. En effet, afin qu'on ne leur vole pas leurs semences, les firmes comme Monsanto, Novartis, Pioneer-DuPont et Cargill exigent la propriété exclusive du vivant. Ils créent même des hybrides aux terminators c'est-à-dire des semences avec un gène stérilisateur. Le 3 mars 1998 l'entreprise américaine Delta and Pine Land Co, rachetée peu après par Monsanto, et le ministère américain de l'agriculture obtiennent un brevet pour une nouvelle technologie permettant de stériliser la descendance d'une graine. Cette trouvaille génétique peut s'appliquer aussi bien aux variétés transgéniques qu'aux semences conventionnelles. L'objectif est double. D'une part, en finir une fois pour toutes avec le " privilège de l'agriculteur ". Les cultivateurs seront contraints de renouveler leurs graines chaque année, et non plus tous les deux ou trois ans comme avec les hybrides traditionnels. Pour ce qui est des variétés transgéniques, plus besoin d'envoyer des inspecteurs de l'entreprise visiter chaque exploitation pour vérifier que les agriculteurs ne sèment pas les semences récoltées. Les agriculteurs américains peuvent se féliciter des services que leur rend leur ministère... D'autres part, cette technique de stérilisation court-circuite les discussions sur les brevets. Les intérêts de la firme seront protégés en cas de conflit juridique sur la propriété d'une nouvelle variété, en particulier dans les pays où la brevetabilité du vivant est impossible ou mal défendue. C'est précisément le cas dans de nombreux pays en développement qui représentent des marchés potentiels très intéressants pour les groupes semenciers... source : www.dofi.org

Voir le numéro 46 -- 07/08-1998 -- de " Courrier de la planète ". Biotechnologies sur internet : www.rafi.ca ; www.grain.org ; www.mygale.org ; www.genethon.fr ; www.rio.net/solagral/

 

L'opinion publique face aux plantes transgéniques.

Le 24 novembre 1998 s'est tenu un grand débat à la cité des sciences et de l'industrie animée par des journalistes du quotidien le monde. D'un débat qui se devait être un "bourrage de crâne" afin d'entériner les décisions prises par les autorités on en est arrivé et un débat qui s'est tenue dans la salle... En effet, un groupe d'activistes du nom de " quelques ennemis du meilleur des mondes transgéniques " d'une vingtaine de personnes ont commencé à invectiver et à lancer des œufs pourris sur les intervenants. Leur but était manifestement de montrer à l'assistance que nous n'avions pas à faire à un réel débat... les activistes semaient donc la confusion depuis une quinzaine de minutes lorsque à peine arrivé dans la salle pour rejoindre d'autres, venus, tout comme moi assister à un vrai débat, je compris la mascarade. J'évaluais donc rapidement la situation et à l'invitation d'un homme debout sur la scène qui demandait à l'un des activistes de prendre la parole je décidais de répondre à son invitation et de prendre le micro :

bonsoir Mr. le professeur, je me présente Cajeard des imprimeries Cajeard à Cajeard, voilà, je voudrais savoir si on peut mettre un gène de poulet dans le Smilblick (malheureusement ma blague ne réussit pas à détendre l'atmosphère). Soyons sérieux ! Je me présente : Marc Jutier, ingénieur en physique de l'Ecole Polytechnique de Montréal, responsable des publications du Mouvement Ecologiste Indépendant pour l'Ile de France. Je suis convaincu que le problème soulevé par les organismes génétiquement modifiés (O.G.M.) est fondamental dans le sens qu'il met sur la scène politique le pouvoir joué par la secte du matérialisme scientiste et de leurs gourous les apprentis technosorciers. Issu d'un milieu scientifique, je sais très bien que les modèles inventés pour expliquer les phénomènes physiques, chimiques, biologiques et autres ne sont justement que des "modèles". L'arsenal mathématique et donc conceptuel qui soutend ces modèles ne représente, en aucun cas, une vérité ultime. En clair, la vérité scientifique n'existe pas. Même si le modèle matérialiste est parfois utile et pratique pour expliquer certains phénomènes, il ne faut surtout pas en rester prisonnier. La technoscience s'est instaurée comme la religion, la croyance dominante en Occident. Au nom de cet intégrisme, on s'est permis de faire des bombes H et aujourd'hui on se permet de manipuler la vie. Posons-nous les vraies questions : est-ce que nous avons besoin de mettre un gène de poisson dans la tomate pour être heureux ? Est-ce que nous avons besoin de mettre un gène d'homme dans le riz pour entretenir les profits des multinationales pharmaceutiques ? Notre société est devenue "folle". Nous le savons tous. Nous devons nous arrêter pour nous poser de vraies questions et pour trouver ensemble de vraies réponses. En fait, aussi longtemps que nos démocraties seront aux ordres des pouvoirs financiers et de leurs gourous les technosorciers économistes, physiciens ou biologistes ; aussi longtemps que la croissance et le profit de quelques multinationales passeront avant le respect de la nature, des êtres vivants en général et des milliards d'être humains en particulier ; aussi longtemps que nous accepterons de travailler, de con-sommer et de vivre sans nous remettre en question ; aussi longtemps que nous aurons peur d'avoir peur ; le matérialisme néo-libéral continuera inexorablement sa destruction des cultures, des peuples, des forêts tropicales, de la couche d'ozone... et de notre propre humanité intérieure. Nous deviendrons alors les rouages parfaitement efficaces, productifs et rentables du nouvel ordre mondial néo-libéral. Voilà ! C'était Marc Jutier en direct de la cité des Sciences et de l'Industrie. Bonsoir et à bientôt.

 

Quelques ennemis du meilleur des mondes transgéniques.

( Tract distribué ce soir là par les activistes) 

Rendez-vous ! Citoyens ! Paris, le 24 novembre 1998,

Quand les manipulateurs du vivant veulent assurer leurs tripatouillages marchands, ils étudient attentivement avec leurs collègues les manipulateurs de l'opinion les réactions du cobaye sur lequel ils expérimentent en commun : le citoyen, cette chose publique qui a remplacé l'homme. Quelques semaines avant la décision " sur le fond " du conseil d'État concernant l'autorisation de mise en culture de trois variétés de maïs transgéniques Novartis, l'équipe caudataire du Monde en partenariat avec la cathédrale des sciences et de l'industrie et avec la bénédiction de Jean-Yves Le Déaut, député grand coordinateur de mascarades citoyennes et démocratiques, nous pondent un débat sur " l'opinion publique face aux plantes transgéniques ". Et cela, faut-il s'en étonner, dans ce temple de l'idolâtrie technophile moderne (y avait-il endroit plus approprié, lorsqu'on est sommé d'applaudir à la disparition programmée de l'agriculture et de la paysannerie ?).

Ils sont venus, ils sont tous là : universitaires de tout poil, sondeurs, scientifiques... il y a même un PDG -- celui de Limagrain, troisième semencier mondial associé à Rhône-Poulenc pour le développement des technologies génétiques -- et in extremis, un écologiste de Greenpeace, la multinationale de l'environnement, qui prospèrent grâce à l'apathie de citoyens muettement hostiles au destin de cobayes qu'on leur réserve.

Pour ces messieurs " l'opinion publique " n'est plus que l'émanation d'un ensemble d'individus atomisés, n'ayant d'autre capacité pour se former une opinion que le recours aux médias. Des statistiques à variations corrigées, des sondages aux questions inessentielles bref, des chiffres et des clichés à manipuler selon des procédés cabalistiques. La seule discussion qu'ils peuvent avoir entre eux sur les OGM concerne bien évidemment " les facteurs de l'acceptabilité sociale de ces nouvelles technologies végétales ".

Il ne s'agit donc pas de parler des " risques et des bénéfices liés aux OGM " en tant que tels, et certainement pas du fait que tous les groupes d'assurance aux Etats-Unis comme en Europe refusent de couvrir les risques écologiques et sanitaires inhérents à ces organismes. Comme le proclame la multinationale agrochimique Monsanto : " les meilleurs produits s'appellent bénéfices. " Pour de tels débats, il existe des réunions plus discrètes, parce que privées, tel ce séminaire organisé les 23 et 24 septembre 1998 à Paris avec la participation du ministère de l'agriculture, de l'INRA, de Novartis, Monsanto, des grands distributeurs, des cabinets de juristes, etc. " appliquez les biotechnologies de demain ! " était le thème discuté. Parmi les points abordés figuraient ceux-ci, en effet capitaux : " Rompre le tabou de la culture transgénique, éviter les mises en cause de [leur] responsabilité juridique, préparer des plans de retrait si nécessaire... "

" Comment le citoyen peut-il être associé à la décision publique ? " Voilà qui veut bien dire que cette " décision publique " (décision des pouvoirs publics, de l'État) est prise sans lui et que les choix sont déjà faits lorsqu'il est question de l'associer en tant que potiche, figurant sur la photo d'arrivée dans la course à la soumission à ce qui existe, pour donner une légitimité démocratique aux diktats du totalitarisme technologique. Il est donc urgent de le convoquer pour le presser de s'exprimer, de collaborer à ce petit brain-storming. Elle permettra aux spécialistes en manipulations diverses, journalistes, parlementaires, contestataires professionnels et scientifiques, de trouver les thèmes et de renouveler leur stock d'idées sur la manière de présenter à l'opinion les nouvelles autorisations de semences transgéniques et autres saloperies.

La technologie a annihilé le politique en imposant ses choix à travers ses produits, les rapports de production et les dépendances qu'ils impliquent. Reste à la société à s'adapter, à charge pour tous ceux qui dépendent de cette puissance de la soumettre : c'est bien là ce à quoi veut participer ce genre de débat truqué...

La messe de ce soir et dans la continuité de la conférence des citoyens qui en juin 1998 avait inauguré cette pratique de la démocratie génétiquement modifié. Pendant trois jours, Jean-Yves le Déaut avait alors réuni un panel de citoyens baptisés non sans humour " candides " dans une annexe de l'Assemblée nationale. Le but de tout cela est de convaincre le péquin moyen qu'il est un citoyen bien de son temps et lui donner l'illusion de participer à des décisions qu'il n'a pas prises. Plus personne, semble-t-il, ne se pose la question de savoir à quoi tout cela sert. Quant à nous, nous ne resterons pas les yeux fermés devant l'étendue du désastre.

c/o ACNM, BP 178 75967 Paris Cedex 20

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