98.28. Vivement l'effondrement de l'économie globale !

Le frère d'un ancien Premier ministre du Sri Lanka a dit un jour que la technologie la plus avancée dont il avait besoin pour son peuple, c'est la brouette. Ce n'est pas le génie génétique qui vaincra la faim, c'est les petites fermes. Quant à ceux qui pensent que le marché peut régler ce problème, ce sont des charlatans. Dans un marché global où certains, qui gagnent 100 $/an, doivent concurrencer d'autres, qui empochent 100 $/h, comment voulez-vous qu'ils puissent manger ? Quand le peso mexicain perd 50% de sa valeur d'un coup, cela n'a aucune importance si les paysans produisent leur propre nourriture. En revanche, s'ils sont obligés de l'acheter à l'étranger, ils la paieront deux fois plus cher. Et comme ils n'avaient déjà pas un sou, imaginez ce que cela va donner ! En vérité, la seule chose qui puisse nous sauver, c'est l'effondrement de l'économie globale, et soyez sûr que nous trinquons à cette perspective chaque soir en famille. Le chômage exploserait ? Bien moins que si tout continue : On sait -- la fin du travail, de Jeremy Rifkin -- que l'on peut tout faire fonctionner avec seulement 20% de la population. Le reste sera définitivement marginalisé. Depuis peu, les multinationales ont le droit d'acheter des terres agricoles en Inde, ce qui laisse présager une catastrophe sociale majeure. Nous vivons dans un monde où il est interdit de voler le sac d'une dame qui se promène Faubourg Saint-Honoré. Mais il n'existe pas de lois qui empêche de détruire la terre. Pas de lois contre l'anéantissement des forêts. Pas de loi contre l'émission des gaz à effets de serre.

Extrait de l'article de Édouard Goldsmith paru le 11 février 1999 dans Politis.

Voir : Le défi du 21ième siècle, une vision écologique du monde. Éditions Du Rocher.

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